L'éléphant


1993

L'éléphant existe sous sa forme actuelle depuis près de 5 millions d'années. C'est le dernier survivant d'un groupe d'animaux à trompe, autrefois largement répandus, les Proboscidiens qui, en 50 millions d'années, ont évolué en plus de 300 espèces différentes. Les représentants actuels des Proboscidiens sont l'éléphant d'Asie (Elephas maximus) et l'éléphant d'Afrique (Loxodonta africana), qui est le plus grand des deux et du même coup, le plus grand mammifère terrestre. Les mâles de cette espèce peuvent atteindre 3,50 mètres au garrot, avec une longueur moyenne de 7 mètres, et un poids pouvant dépasser les 6 tonnes.

L'éléphant se caractérise principalement par ses défenses en ivoire et sa trompe préhensile. Les défenses, qui sont en fait des incisives supérieures allongées, peuvent atteindre 2 à 3 mètres de longueur chez les vieux mâles. Elles sont constituées d'un mélange unique de dentine, de cartilage et de sels de calcium. Les défenses servent à arracher des lambeaux d'écorce, à déterrer des racines et à parader, et peuvent même être utilisées comme une arme. L'éléphant possède également quatre molaires qui repoussent plusieurs fois durant sa vie.

La trompe est constituée du nez et de la lèvre supérieure, qui se sont allongés et musclés pour former un organe singulièrement puissant, capable de toucher, de saisir et de sentir. La trompe de l'éléphant est suffisamment forte pour déraciner un arbre, assez sensible pour ramasser un fruit de la taille d'un petit pois et assez longue pour atteindre les feuillages haut placés. Elle permet aussi aux éléphants de s'abreuver - en aspirant de l'eau qu'ils rejettent ensuite dans la bouche - de se saluer, se caresser, menacer et s'asperger d'eau ou de poussière pour se protéger contre les coups de soleil et les morsures d'insectes.

Autre signe distinctif de l'éléphant: ses énormes oreilles (le lobe peut atteindre 2m2 chez l'éléphant d'Afrique), extrêmement vascularisées, qu'il déploie en éventail pour se rafraîchir - sa température sanguine peut s'abaisser de 5oC lorsqu'il bat des oreilles.

Les femelles vivent généralement en petites unités familiales, formées de 5 à 15 mères et éléphanteaux. Ce groupe est dirigé par la femelle la plus âgée et la plus expérimentée. Les jeunes femelles restent avec la famille au­delà de leur maturité. A mesure que la cellule grossit, de jeunes femelles la quittent pour constituer un nouveau groupe familial. Les jeunes mâles quittent le troupeau au moment de la puberté pour constituer des groupes temporaires de célibataires. La gestation dure environ 22 mois. La mère allaite pendant 3 ou 4 ans ses petits qui tètent avec la bouche (et non avec leur trompe) la paire de tétons placée entre les pattes antérieures de la mère. Une femelle en âge de procréer peut mettre bas un petit tous les quatre ans environ. La période de fécondité maximale se situe entre 25 et 45 ans. La longévité d'un éléphant est de 70 ans environ.

Les femelles ont un sens de la famille très développé et, en général, les éléphants n'hésitent pas à braver le danger pour aider un compagnon blessé ou menacé.

L'éléphant d'Afrique

Il existe deux sous­espèces d'éléphants d'Afrique - l'éléphant des forêts (Loxodonta africana cyclotis) et l'éléphant des savanes (L.a. africana). L'éléphant des forêts se distingue de l'éléphant des savane par sa corpulence plus petite, ses oreilles de plus petite taille et ses défenses plus droites et incurvées vers le bas.

La plupart des éléphants des forêts vivent dans les forêts équatoriales de l'Afrique centrale et occidentale, alors que l'éléphant des savanes fréquente la totalité des plaines herbeuses et des terrains de brousse du continent. Si l'éléphant d'Asie est relativement facile à domestiquer, on ne connaît que deux tentatives de domestication de l'éléphant d'Afrique: l'expédition d'Hannibal qui traversa les Alpes trois siècles avant notre ère, avec des éléphants qui venaient probablement d'Afrique, et plusieurs individus domestiqués par les Belges au nord­est du Congo à l'époque coloniale (dont quatre survivants existent dans le Parc national de la Garamba, au Zaïre).

A maturité, un éléphant d'Afrique consomme chaque jour jusqu'à 200kg de matière végétale et passe 18 à 20 heures à se nourrir, essentiellement d'herbe, de feuilles, de racines, de fruits et même d'écorce.

Il y a quelques siècles, des troupeaux d'éléphants hantaient les forêts et les savanes de l'Afrique sub­saharienne. L'aire de répartition des éléphants est nettement moins étendue aujourd'hui et les populations sont dispersées et inégalement réparties. Une grande partie de l'habitat de l'éléphant a été vouée à l'agriculture pour nourrir une population en constante augmentation.

La destruction des habitats et l'engouement mondial suscité par l'ivoire sont responsables du déclin des populations d'éléphants d'Afrique, dont les effectifs ont chuté de 1,5 million à environ 600 000 en une dizaine d'années à peine. On considère que ce déclin est la conséquence directe du commerce illégal de l'ivoire, associé à l'impact des populations humaines sur l'habitat naturel de l'éléphant.

La préservation de l'éléphant exige des stratégies nationales de conservation, des mesures anti­braconnage, la sauvegarde de populations viables - avec des groupes familiaux correspondant à la taille et à la répartition par âge et par sexe requises pour l'espèce - associées à des campagnes de sensibilisation du public.

L'éléphant d'Asie

Plus petit que son cousin d'Afrique, l'éléphant d'Asie peut néanmoins peser plus de 5 tonnes et atteindre 3 mètres de hauteur. Il a le dos convexe, sa trompe est munie d'un seul «doigt», et a deux bosses sur le front. L'éléphant d'Afrique a le dos en forme de selle, deux « doigts » et une seule bosse sur le front. L'éléphant d'Asie a les oreilles plus petites et seuls certains mâles sont pourvus de défenses.

L'éléphant d'Asie, qui se prête à la domestication, est largement mis à contribution par l'industrie forestière. Cette espèce est davantage menacée par la destruction de son habitat, qui fragmente et isole les populations restantes, que par le braconnage. Il ne reste plus aujourd'hui que 30 à 55 000 éléphants sauvages, confinées dans des régions isolées de l'Inde, de l'Asie continentale du Sud­Est, de la péninsule malaise, de Sri Lanka, de Sumatra, de Bornéo et des îles Andaman dans le golfe du Bengale.

L'éléphant d'Asie, qui ne supporte pas le soleil, a besoin d'un milieu ombragé. La préservation des forêts est donc un élément essentiel de sa conservation.

Les initiatives de conservation comprennent la création de sanctuaires, l'application de lois nationales de protection et le maintien de couloirs forestiers pour faciliter la migration. Des efforts ont été déployés afin de réduire les conflits entre l'homme et l'éléphant, qui surviennent lorsque les éléphants, à la recherche de nourriture, piétinent les cultures et que des troupeaux isolés ou de petites populations néanmoins croissantes d'éléphants se retrouvent cernés de zones habitées.

Le commerce de l'ivoire

Actuellement, tout commerce international de produits de l'éléphant, y compris l'ivoire, est interdit, la totalité des populations d'éléphants étant inscrites à l'Annexe I de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES), qui interdit tout commerce de produits de l'éléphant tels que viande et peau. L'éléphant d'Asie figure à l'Annexe I depuis 1975, alors que l'éléphant d'Afrique n'y a été inscrit qu'en 1990, pour une période minimale de 4 ans.

Depuis l'interdiction totale du commerce de l'ivoire, l'industrie de la gravure de l'ivoire s'est pratiquement effondrée en Asie. Plusieurs pays d'Afrique font état d'une diminution du braconnage, tandis que d'autres ne constatent aucun changement. Des facteurs tels que le renforcement des patrouilles et des mesures coercitives et l'assistance financière ont joué un rôle majeur dans la lutte contre le braconnage.

Le WWF et l'UICN aident des gouvernements africains à établir des programmes individuels de conservation de l'éléphant et à obtenir des fonds pour lutter contre le braconnage.

Pour en savoir plus:

  1. Cumming, D H M, R F du Toit and S N Stuart, UICN/SSC, Groupe de spécialistes de l'éléphant et du rhinocéros d'Afrique, African Elephants and Rhinos - Status Survey and Conservation Action Plan, 1990.
  2. Santiapillai, Ch and P Jackson, UICN/SSC, Groupe de spécialistes de l'éléphant d'Asie, The Asian Elephant - An Action Plan for its Conservation, 1990.
  3. Jachmann, H and H T Dublin, The Impact of the Ivory Ban on Illegal Hunting of Elephants in Six Range States in Africa, WWF, 1992.
  4. Africa's Elephants, UICN, 1990.
  5. Saving the African Elephant, WWF.
  6. Kemf, Elizabeth and P Jackson, Wanted Alive! Asian Elephants in the Wild, WWF Status Report, 1995

Juin 1994


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